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L’ÉDUCATION DES FILLES ET L’HÉRÉDITÉ

genre, on peut conclure que le travail excessif imposé par les concours et les examens de l’enseignement supérieur, dangereux pour la race chez les garçons, l’est encore infiniment plus chez les filles. Les fatigues de cet ordre, répétées sur plusieurs générations successives, finiraient par rendre la femme absolument impropre à sa fonction de mère. Le danger d’une instruction trop scientifique est d’autant plus grand pour les filles que, plus disposées que les garçons au travail sédentaire, elles se donnent tout entières au travail d’esprit et y montrent en moyenne plus d’assiduité. En même temps que le travail intellectuel, il faut rendre responsables de ces perturbations dans la santé la claustration, le mauvais régime, l’insuffisance des exercices corporels. Ajoutez encore les veillées qui, dans les familles riches, se passent en « soirées », et, dans les familles pauvres, en travaux de toutes sortes. M. Clarke, un Américain, conclut que si l’on continue encore ainsi pendant un demi-siècle, il n’est pas besoin d’être prophète pour prédire, d’après les lois de l’hérédité, « que les femmes appelées à devenir les mères de nos futures générations devront venir d’au delà de l’Atlantique ». Il se produit donc, par l’hérédité, une sorte de sélection à rebours, désastreuse dans ses conséquences ; car les jeunes filles des classes instruites, qui devraient contribuer justement à élever le niveau des races futures, sont incapables d’être mères ou mettent au monde des êtres chétifs, laissant ainsi aux femmes peu cultivées, mais robustes, le soin de perpétuer l’humanité.

Les mères, préoccupées du soin de rendre leurs filles agréables, n’en pourraient choisir plus mal les moyens qu’en sacrifiant ainsi le corps à l’esprit. Ou elles ne tiennent point compte des goûts des hommes, ou elles se méprennent étrangement sur ces goûts. Les hommes, remarque Spencer, se soucient peu de l’érudition chez les femmes ; ce qu’ils prisent beaucoup, c’est la beauté, le bon caractère et le sens droit. « Quelles sont les conquêtes qu’a jamais faites un bas-bleu par sa vaste connaissance de l’histoire ? Quel homme est jamais devenu amoureux d’une femme parce qu’elle savait l’italien ? Où est l’Edwin qui est tombé aux pieds d’Angélina parce qu’elle parlait l’allemand ? Mais des joues roses et des yeux brillants, ce sont là de arands attraits. La aaieté et