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CHAPITRE VII


L’ÉDUCATION DES FILLES ET L’HÉRÉDITÉ





Toute la question de l’éducation féminine nous semble devoir être dominée par les principes suivants : 1o La femme est physiologiquement plus faible que l’homme ; elle a moins de force en réserve pour suffire à la dépense considérable qu’entraîne le travail cérébral poussé au delà de certaines limites. 2o La fonction génésique occupe une place beaucoup plus importante dans l’organisme féminin que dans l’organisme masculin ; or, cette fonction, selon tous les physiologistes, est en antagonisme avec la dépense cérébrale : la déséquilibration produite chez la femme par le travail intellectuel sera donc nécessairement plus forte chez la femme que chez l’homme. 3o Les conséquences de cette déséquilibration sont encore plus graves pour l’espèce lorsqu’il s’agit de la femme que lorsqu’il s’agit de l’homme. La vie de la femme, d’habitude sédentaire et peu hygiénique, ne permet pas au tempérament épuisé par une éducation irrationnelle de se refaire, comme il arrive pour l’homme ; et d’autre part, cette santé de la mère serait encore plus nécessaire pour l’enfant que la santé du père. La dépense de l’homme pour la paternité est insignifiante à côté de celle de la femme ; il faut à celle-ci, pour la grossesse et la maternité, puis pour l’éducation première de l’enfant, une réserve de forces physiques et morales considérable. Les mères de Bacon et de Gœthe, toutes deux très remarquables, n’eussent pourtant pu écrire ni le Novum organum, ni Faust ; mais, si elles avaient affaibli tant soit peu leur puissance génératrice