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PRÉFACE.

Dans les divers ouvrages que nous avons publiés, nous avons toujours poursuivi un but unique : relier la morale, l’esthétique, la religion à l’idée de la vie, de la vie la plus intense et la plus extensive, par conséquent la plus féconde ; c’est cette idée qui nous fournira aussi l’objet de l’éducation, la formule fondamentale de la pédagogie. Nous pourrions définir la pédagogie l’art d’adapter les générations nouvelles aux conditions de la vie la plus intense et la plus féconde pour l’individu et pour l’espèce. On s’est demandé si l’éducation a un but individuel ou un but social ; elle a ces deux buts à la fois : elle est précisément la recherche des moyens de mettre d’accord la vie individuelle la plus intense avec la vie sociale la plus extensive. D’ailleurs, il existe une profonde harmonie, selon nous, sous les antinomies de l’existence individuelle et de l’existence collective : ce qui est vraiment conforme au summum de vie individuelle (physique et morale), est par cela même utile à l’espèce entière. L’éducation doit donc avoir un triple but : 1o développer harmonieusement chez l’individu humain toutes les capacités propres à l’espèce humaine et utiles à l’espèce, selon leur importance relative ; 2o développer plus particulièrement chez l’individu les capacités qui semblent lui être spéciales, dans la mesure où elles ne peuvent nuire à l’équilibre général de l’organisme ; 3o arrêter et enrayer les instincts et tendances susceptibles de troubler cet équilibre. En d’autres termes, aider l’hérédité dans la mesure où elle tend à créer au sein d’une race des supériorités durables, et la com-