que l’abat-jour de la lampe dessinait sur la table ; tante Lison, assise entre eux, tricotait ; et les jeunes gens accoudés à la fenêtre ouverte regardaient le jardin plein de clarté.
Le tilleul et le platane semaient leur ombre sur le grand gazon qui s’étendait ensuite, pâle et luisant, jusqu’au bosquet tout noir.
Attirée invinciblement par le charme tendre de cette nuit, par cet éclairement vaporeux des arbres et des massifs, Jeanne se tourna vers ses parents : « Petit père, nous allons faire un tour là, sur l’herbe, devant le château. » Le baron dit, sans quitter son jeu : « Allez, mes enfants », et se remit à sa partie.
Ils sortirent et commencèrent à marcher lentement sur la grande pelouse blanche jusqu’au petit bois du fond.
L’heure avançait sans qu’ils songeassent à rentrer. La baronne, fatiguée, voulut monter à sa chambre : « Il faut rappeler les amoureux, » dit-elle.
Le baron, d’un coup d’œil, parcourut le vaste jardin lumineux, où les deux ombres erraient doucement.
— Laisse-les donc, reprit-il, il fait si bon dehors ! Lison va les attendre ; n’est-ce pas, Lison ?
La vieille fille releva ses yeux inquiets, et répondit de sa voix timide : « Certainement, je les attendrai. »
Petit père souleva la baronne, et, lassé lui-même par la chaleur du jour : « Je vais me coucher aussi, » dit-il. Et il partit avec sa femme.
Alors tante Lison à son tour se leva, et, laissant sur le bras du fauteuil l’ouvrage commencé, sa laine et la