Page:Guy de Maupassant - Une vie.djvu/265

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il croyait sans cesse sentir errer dans l’ombre le Malin Esprit ; et la phrase latine revenait à tout moment sur ses lèvres : Sicut leo rugiens circuit quærens quem devoret.

Alors une crainte se répandit, une terreur de sa force cachée. Ses confrères eux-mêmes, prêtres ignorants des campagnes, pour qui Béelzébuth est article de foi, qui, troublés par les prescriptions minutieuses des rites en cas de manifestation de cette puissance du mal, en arrivent à confondre la religion avec la magie, considéraient l’abbé Tolbiac comme un peu sorcier ; et ils le respectaient autant pour le pouvoir obscur qu’ils lui supposaient que pour l’inattaquable austérité de sa vie.

Quand il rencontrait Jeanne, il ne la saluait pas.

Cette situation inquiétait et désolait tante Lison, qui ne comprenait point, en son âme craintive de vieille fille, qu’on n’allât pas à l’église. Elle était pieuse sans doute, sans doute elle se confessait et communiait ; mais personne ne le savait, ne cherchait à le savoir.