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Un bruit de porte la fit tressaillir. C’était Julien. Il demanda : « Eh bien ? tu n’es pas trop fatiguée ? »

Elle balbutia « Non », heureuse de n’être plus seule. « À présent, va te reposer, » dit-il. Elle embrassa lentement sa mère, d’un baiser lent, douloureux et navré ; puis elle rentra dans sa chambre.

La journée s’écoula dans ces tristes occupations que réclame un mort. Le baron arriva le soir. Il pleura beaucoup.

L’enterrement eut lieu le lendemain.

Après qu’elle eut, pour la dernière fois, appuyé ses lèvres sur le front glacé, qu’elle eut fait la dernière toilette, et vu clouer le corps dans le cercueil, Jeanne se retira. Les invités allaient venir.

Gilberte arriva la première, et se jeta en sanglotant sur le cœur de son amie.

On voyait par la fenêtre les voitures tourner à la grille, s’en venant au trot. Et des voix résonnaient dans le grand vestibule. Des femmes en noir entraient peu à peu dans la chambre, des femmes que Jeanne ne connaissait point. La marquise de