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qui habitait près d’une des portes. Un arrangement fut conclu avec la femme de ce commerçant pour tous les soins à donner au logis. Un horticulteur du quartier s’engagea aussi à emplir de fleurs les plates-bandes.

Toutes les dispositions à prendre le retinrent jusqu’à huit heures, et, quand il rentra chez lui, harassé de fatigue, il vit, avec un battement de cœur, une dépêche sur son bureau. L’ayant ouverte :

« Je serai chez moi demain soir, disait-elle. Recevrez instructions. »

« Miche »

Il ne lui avait pas encore écrit, par crainte que sa lettre s’égarât, puisqu’elle devait quitter Avranches. Aussitôt qu’il eut dîner, il s’assit à sa table pour lui exprimer ce qu’il sentait en son âme. Ce fut long et difficile, car toutes les expressions, les phrases et les idées elles-mêmes lui semblaient faibles, médiocres, ridicules, pour préciser une si délicate et si passionnée action de grâces.

La lettre qu’il reçut d’elle à son réveil lui confirmait le retour pour le soir même, et le priait de ne se montrer à personne avant quelques jours, afin qu’on crût bien à son voyage. Elle l’invitait aussi à se promener le lendemain, vers dix heures du matin, sur la terrasse du jardin des Tuileries qui domine la Seine.

Il y fut une heure trop tôt, et il erra dans le grand