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— Alors nous allons nous séparer ? lui dit-elle.

— Hélas ! madame, j’en souffre plus que je ne le saurais montrer.

Elle murmura :

— Ce ne sera pas pour longtemps.

Comme M. de Pradon les rejoignait, elle ajouta tout bas :

— Annoncez que vous allez faire un tour en Bretagne d’une dizaine de jours, mais ne le faites pas.

Mme  Valsaci très émue accourait.

— Qu’est-ce que me dit ton père ? que tu veux partir après-demain ? Mais tu devais rester au moins jusqu’à l’autre lundi.

Mme  de Burne, un peu assombrie, répliqua :

— Papa n’est qu’un maladroit qui ne sait pas se taire. La mer me donne, comme tous les ans, des névralgies très désagréables, et j’ai en effet parlé de m’en aller pour n’avoir pas à me soigner pendant un mois. Mais ce n’est guère le moment de nous occuper de cela.

Le cocher de Mariolle le pressait de monter en voiture, afin de ne pas manquer le train de Pontorson.

Mme  de Burne demanda :

— Et vous, quand rentrez-vous à Paris ?

Il eut l’air d’hésiter.

— Mais je ne sais pas trop, je veux voir Saint-Malo, Brest, Douarnenez, la baie des Trépassés, la