Page:Guttinguer - Pallida mors, 1843.djvu/6

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Des vrais biens qu’on dédaigne et des faux qu’on envie,
Et de tout ce que, morte, elle ne verrait pas !
Rempli de l’humaine pensée,
Sans voir ses divines lueurs,
Et la palme en ses mains placée,
Je lui disais avec des pleurs :
« Tu ne verras pas sur le monde
» Monter le soleil radieux,
» Ni la vive couleur des cieux
» Réfléchie au cristal de l’onde ;
» Tu ne verras pas nos forêts,
» Ni les fleurs sur l’herbe odorante,
» Ni la moisson blonde et flottante
» Qu’agite le vent des guérets. —

» Je verrai sans ombre et sans voiles
» L’œuvre immense du Créateur ;
» Avec les anges du Seigneur,
» Je visiterai les étoiles. —

» Dans le fruit d’un hymen heureux,
» Tu ne verras pas, jeune femme,
» Passer ton esprit et ton âme
» Sur un front pur, dans deux beaux yeux. —

» Hélas ! je ne saurais m’en plaindre,
» Car aussi je ne verrai pas