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Et je ne pus songer qu’à ces douleurs des pères
À qui le Ciel ravit leur plus aimé trésor,
Qu’aux enfants arrachés aux baisers de leurs mères,
À ta fille surtout, ô mon pauvre Victor !
Toujours devant mes yeux flottait cette jeune ombre,
Qui tenait en ses mains le signe du chrétien,
S’avançant radieuse, et puis par instants sombre,
Souriant à son sort, mais pleurant sur le tien.
Alors je me souvins que dans des chants sublimes,
Tu lui joignais les mains, tu pliais ses genoux,
Et de la pâle mort lui montrant les abîmes,
Tu lui recommandais la prière pour tous……
Quelques jours ont passé sur la jeune mortelle
Qui devait de ses pleurs consoler les tombeaux !
Écoutez ce murmure, écoutez ces sanglots…
C’est nous tous qui prions pour elle !

La prière fervente ouvre les cieux fermés,
Et fait voir près de Dieu les martyrs de la terre ;
Elle amène vers nous tous ces êtres aimés
Qu’enleva de nos bras l’implacable mystère :
C’est par elle, sans doute, en ce temple, aujourd’hui,
Que l’ombre de ta fille, un moment attirée,
Errait autour de moi dans l’enceinte sacrée,
Et me montrait son père, et me parlait de lui.
Mais moi, l’esprit rempli des choses de la vie,
Je l’entretins de tout ce qu’on aime ici-bas,