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Oh ! puisse le sommeil apaiser le tourment
Que jette dans son cœur un noir pressentiment !
Qu’un songe n’aille pas à cette âme glacée
Révéler le malheur dont elle est menacée..

Le sommeil est venu, mais douteux, agité,
Et des scènes du bal sans cesse tourmenté.
« Dieu ! comme le jour tarde à mon impatience !
» Lui seul, ô mon Arthur, me rendra ta présence :
» Dès que j’aurai parlé tu me pardonneras,
» Du mal que je t’ai fait tu me consoleras,
» Et je vivrai pour toi, toi seul feras ma vie ;
» Le monde et ses plaisirs n’ont plus rien que j’envie,
» Ils t’ont fait trop souffrir ! C’est toi seul que je veux. »
Et le jour la surprend se livrant à ces vœux.
Il est tard, et l’airain qui règle les demeures
À ses sens étonnés fait entendre neuf heures !
Un message est venu : « Donnez-le. C’est de lui !
» Pourquoi ne vient-il pas lui-même ? » Elle a pâli.