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Le pharisien s’éloigne et détournant la vue :
« Que tardons-nous encor ? voyez ce séducteur,
Comme il traîne après lui toute une foule émue
De ses miracles faux, de sa fausse douceur !
Il est temps, il est temps qu’à Rome on le dénonce,
Et que sur ses forfaits la justice prononce. »
(La justice, ô mon Dieu !) allez, son jour viendra,
Et la victime encor d’elle vous sauvera.

De croyance et de doute horrible alternative !
Hier la foi semblait couler comme une eau vive.
Après tant de bienfaits, lorsque Dieu s’est nommé,
Cette foule en fureur dit qu’il a blasphémé !
Elle a pour le poursuivre alors saisi la pierre
Dont ce juge clément préserva l’adultère.
Oh ! l’Église a raison de dire en ce moment,
Quand va de son époux commencer le tourment :
« Seigneur, Seigneur, jugez, séparez notre cause[1] ;
Qu’entre l’impie et nous votre bras s’interpose,

  1. Judica me Deus, et discerne causam meam.
    Ad nomine doloso erue me.