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Brest, et que l’un des bateaux faisant les commissions entre la ville et Camaret rapporterait à son prochain voyage. Il avait même décidé que sa sœur Yvonne continuerait à habiter avec sa cousine, afin de ne rien changer aux habitudes de la pauvrette, qui ne le reconnaissait toujours pas.

Le déjeuner fut presque gai, malgré l’attristante présence de la malheureuse inconsciente, dont les prunelles suivaient tous les mouvements d’Hervé avec une curiosité étrange :

— Peut-être qu’elle te devine ! fit Pierre.

Mariannik ajouta :

— Elle est si charmante, si douce, notre Yvonne ; son cerveau ne te retrouve pas, mais certainement, d’instinct, quelque chose en toi l’attire, son cœur te pressent, car jamais elle ne se préoccupe ainsi des nouveaux visages qu’elle peut voir !

Lorsque, dans l’après-midi, vers trois heures, on signala au loin le retour des premières voiles, Hervé, impatient, nerveux, attendait sur la jetée, à la base du phare ; au passage, il interrogea avidement le pêcheur qui rentra avant les autres, cherchant un présage dans sa réponse, demandant :

— Bonne pêche ?

— Six mille ! cria une voix joyeuse.

Il se sentit tout réconforté, plein de confiance neuve dans l’avenir.

Il y avait une abondance de sardines, telle qu’on