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de l’être errant, vagabond, qu’il avait été jusqu’à ce jour, sa vie aventureuse se terminait pour toujours.

Ce fut avec une sorte de gaieté tout à fait extraordinaire chez lui que, guidé par son oncle, il s’occupa immédiatement de compléter l’armement de son bateau, d’acheter, de commander les paniers, les voiles, les cordages, les barils, les filets, tout ce qui constitue l’arsenal varié du pêcheur : filets à mailles invisibles, de différents calibres, pour toutes les grosseurs de sardines ; filets à larges mailles pour la raie, le turbot, les anges, les postoques ; lignes pour le maquereau, la vieille, le lieu ; paniers à homards.

Une assez gentille maisonnette était à louer au Styvel, ce prolongement de Camaret, entre l’usine et le chantier du constructeur Le Gall, il la visita, et, la trouvant à son gré, la loua.

Désormais il redevenait Camaretois ; il lui sembla qu’il commençait une existence nouvelle, où tout paraissait lui sourire, et quand il rentra au bureau du port avec maître Pierre, il était transfiguré. Avec une explosion de joie sincère, il s’écria, en apercevant sa jolie cousine :

— Ah ! ma chère Mariannik, tu dois être mon bon ange, car tout me réussit ici ; j’ai dû laisser le mauvais là-bas, au fond de la mer !

Avant huit jours il serait installé, propriétaire d’une des meilleures embarcations, en possession de meubles que l’on commandait le jour même à