Page:Gustave Toudouze - Péri en mer, 1905.pdf/96

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Le petit Hervé, hein ! Le reconnaissez pas !… Il a changé !…

Le nouveau venu tendit sa main calleuse de constructeur de barques, ses doigts couturés de cicatrices par le contact des outils tranchants comme des rasoirs :

— J’avais entendu raconter !… Oui, oui, c’est lui !…

— Il a besoin d’un bateau, d’un solide bateau pour la sardine.

— J’ai la chose ! assura Le Gall. Une occasion, tout prêt à mettre à l’eau ; ça sort du chantier ! Vous voyez là-bas sur le galet !

Il montrait une embarcation neuve, à laquelle les ouvriers mettaient la dernière main, devant l’usine du Styvel.

Aussitôt ils s’y rendirent tous trois, et le marché se débattit sans plus tarder ; il entra dans les détails techniques, vantant sa marchandise, en énumérant les avantages. C’était une excellente barque, commandée par un pêcheur de Morgat, qui, tout à coup, s’était trouvé dans l’impossibilité de la payer ; construite dans le genre de celles de Douarnenez, elle mesurait vingt-sept pieds au lieu de vingt-trois comme à Camaret. Finalement la chose fut conclue pour 1,550 francs.

Une fois cette décision absolument prise, il sembla à Hervé Guivarcʼh que sa situation était définitivement arrêtée, irrévocable ; c’en était fini