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— Bah ! il y en a qui trouvent tout de même leur vie ; demande plutôt à Tonton Corentin, un fameux celui-là ; fameux en tout, aussi fin pêcheur que fin marin !

— Tonton Corentin !

Il y eut quelque amertume dans l’intonation dont Hervé accentua ce nom, et il souligna à demi sa secrète pensée jalouse :

— On a toujours dit « Tonton Corentin », même du temps que nous étions gamins !

— Il le mérite ! déclara maître Guivarcʼh.

Cette affirmation augmenta la moue mauvaise qui plissait les lèvres du naufragé ; mais il se tut, l’esprit plein de défiance et de sourde rancune, sentant cependant la nécessité de ne pas trop se découvrir avant d’avoir repris pied dans le pays, beaucoup de choses ne lui étant pas encore connues sur la situation et les amitiés de chacun.

Une diversion se fit. Un petit homme trapu s’avançait, les jambes arquées, bouquet de poils grisonnants au menton, lèvres et joues rasées, la casquette enfoncée jusqu’aux oreilles, un mètre sortant à demi de sa poche :

— Bonjour, capitaine ! fit-il en abordant le maître de port.

— Bonjour, môssieur Le Gall ! Ma Doué, bonne rencontre, nous avons affaire justement à vous, mon neveu et moi !

Tout de suite il lui montra son compagnon :