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homme, de scruter ses traits, de chercher à y retrouver une physionomie autrefois familière.

— C’est toujours ses yeux ! appuya Corentin. Hein ! nous avons assez joué ensemble pour que je le reconnaisse, pas vrai ?

D’autres s’en prenaient au nez, au front, aux mâchoires.

— Une fameuse barbe ! objecta Balanec.

— Oh ! pour ça, c’est plus un menton de demoiselle, comme du temps qu’il est parti pour son tour du monde ! dit en riant ce farceur de Marhadour.

Des femmes s’extasiaient autour de lui, et déjà on réclamait le récit de ses aventures ; mais il fut très bref, donnant en gros la narration de ce qui lui était arrivé, ne s’attardant pas aux détails et affirmant que cela n’avait rien d’intéressant.

Une opinion se forma, derrière son dos, qu’il avait dû en voir de toutes les couleurs dans ces sacrés pays de là-bas, où personne ne peut trop aller vérifier, et qui sont pleins d’aventuriers.

Il avoua n’être pas resté en Australie, avoir fait beaucoup de métiers : gardien de troupeaux, chercheur d’or, avoir voyagé dans l’Amérique du Sud.

— Hum ! hum ! Il ne dit pas tout, opina tout bas Balanec, en clignant narquoisement de l’œil.

Mais la nuit avançait, les épanchements, les curiosités se calmaient, et la faim venait, impérieuse : on ne songea plus qu’à souper.