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quel bizarre personnage c’était là : sans doute quelque étranger, bien qu’il s’exprimât parfaitement en français.

Au moment où il allait passer le seuil de la porte, Corentin entrait ; leurs yeux se croisèrent.

— Hé ! l’ami, fit Garrec, la goutte ensemble, ça vous dit-il ?

L’autre avait eu un mouvement pour refuser, mais il se ravisa :

— Tout de même, et merci !… Je vous remets maintenant, c’est à vous que je dois la vie.

— Oh ! oh ! À moi et aux autres, allez !

Il insista :

— Si, si, je sais bien ce que je dis ; je me laissais aller, j’en avais assez !…

El dans un grommellement confus ce demi-aveu :

— Pour ce que ça va me servir, maintenant, la vie !…

Le verre vide, le personnage salua, fit quelques pas au hasard sur le quai, puis, semblant prendre une décision subite, fila du côté du bourg.

— Drôle de figure ! remarqua Marhadour.

— Bah ! expliqua Balanec, ça donne un coup, une aventure comme celle-là ! Il a l’air un peu toqué, le camarade, mais demain il n’y paraîtra plus.

De temps en temps, l’inconnu s’arrêtait devant une maison, lisait un nom tracé sur une boutique, à haute voix, comme pour l’enfoncer dans sa mémoire :