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il y a grand feu dans la cuisine ! Allons, Périne, ma fille, conduis-les !…

Puis elle se tourne vers les canotiers ruisselants d’eau de mer, transis de froid :

— Et vous, mes enfants, la goutte vous attend ; Marie-Ange va vous servir. Ne flânez pas !

Certes non, ils ne flâneront pas ; il leur tarde trop de se débarrasser de leur attirail et d’aller se reposer un peu du rude labeur qui les a broyés durant tant de longues et mortelles heures.

Sur le quai, c’est à qui se disputera les naufragés, pour les vêtir, leur donner à manger, les loger ; le boulanger offre son four. Mais tante Rosalie ne veut entendre parler de rien de pareil ; c’est à elle que Corentin Garrec les a confiés, c’est elle qui veut les héberger, les nourrir, les réchauffer : tout est prêt pour cela et son hôtel contient assez de chambres et de lits pour eux tous. Si on veut apporter des vêtements de rechange, elle accepte de grand cœur, c’est la seule chose qui lui fasse défaut.

Ils sont une douzaine, tous matelots ou paraissant tels, parmi eux un petit mousse qui grelotte et dont les dents claquent.

— Dieu ! quelle pitié ! Pauvre gars !

Son cœur saigne, elle pense immédiatement à l’autre, à celui qui a disparu là-bas, en Australie, sans savoir pourquoi ce rapprochement lui vient à l’idée, et, le faisant passer le premier :