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— Ils sont à Molènes ou abrités dans l’anse de Bertheaume.

Mots de soulagement, croyances réconfortantes, baume adoucissant qui vient calmer un moment toutes ces plaies vives du cœur et de l’âme. Il semble à ces infortunées que cela doive porter bonheur de parler ainsi, et des invocations se mêlent à ces remarques, des appels à la Vierge, des vœux, des promesses d’aller en pèlerinage à Sainte-Anne-la Palud, à Notre-Dame-du-Folgoët, à Auray.

Tout à coup, Mariannik, penchée sur l’abîme, le bras droit étendu, désigne un point presque invisible, vers la pointe Saint-Mathieu, entre le Coq et la Basse-Beuzec.

— Regardez !

Balanec, la lunette au poing, déclare :

— Le canot !

— Sauvés !

Ce sont eux. Peu à peu le point se rapproche, grossit, bondit entre les montagnes d’eau où s’engouffrent ses voiles et bientôt on peut distinguer parfaitement la tête des sauveteurs. La mer consent à lâcher sa proie.

Pierre Guivarcʼh se frotte vigoureusement les mains :

— C’est pourtant sur ces mauvaises pierres que, dans la nuit du 18 décembre 1869, s’est perdue la Gorgone, corps et biens, avec le lieutenant Mage