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Quand tous, autour d’elle, sanglotent et poussent des gémissements de désespoir, elle seule, résistant, espère encore, espère toujours. Elle songe, l’âme assombrie, vaillante quand même, se disant qu’il est revenu constamment victorieux de cette lutte avec la mer, que, cette fois aussi, il reviendra.

Il l’aime trop pour ne pas vaincre, pour ne pas s’arracher à ce dévorant Océan, pour ne pas accourir au-devant de celle qui voudrait enfin avouer sa tendresse pour lui !

Vainement son père a voulu la faire rentrer à la maison pour qu’elle prît un peu de nourriture, pour qu’elle se reposât ; elle a répondu, un sourire voulu sur ses lèvres blêmies :

— Est-ce qu’ils se reposent, eux ? Est-ce qu’ils songent à manger, eux ?

N’osant pas dire que, parmi ceux-là, un surtout la préoccupe, un seul l’attire vraiment.

Son énergie a redonné une sorte de courage au troupeau de femmes affolées qui l’entourent, qui la suivent, qui l’admirent et s’attachent à elle comme à la consolation suprême.

Des paroles d’espérance flottent maintenant dans la bouche de ces désespérées :

— Peut-être ont-ils attendu le retour de la marée ?

— Ils auront gagné le Conquet !

— Béniguet est plus près que Camaret !