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IV

Longtemps, on a pu suivre des yeux le canot de sauvetage : de temps en temps il apparaissait entre deux vagues, enveloppé de la neige des embruns, luttant de ses avirons qui battaient souvent à vide. Avant de tourner la pointe du Grand-Gouin, il a pu mettre à la voile ; il a dépassé les récifs du Toulinguet et s’est enfoncé en plein Atlantique, diminuant peu à peu, tout à l’heure coquille de noix, à présent point perdu dans l’espace, puis des brumes l’ont saisi, encotonné, et plus rien.

Le drame se passe là-bas, derrière un rideau de nuées épaisses, qui sont tombées du ciel, envahissant l’Iroise, traînant leurs voiles de crêpe entre la terre et la chaussée des Pierres-Noires ; rien que ce tapage énorme, incessant, des lames se brisant