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moins grondant, et pourtant tout est noir, toujours noir. Pas à pas, Yvonne recommence sa promenade, laissant parfois la vague baiser ses pieds nus. Elle a retrouvé dans la salle l’empreinte de ses pas, elle se baisse pour les examiner, étonnée, ravie, murmurant :

— Il est venu, vous voyez !… Il a profité de ce que je n’étais pas là !… Oh ! comme je lui aurais fait un beau lit au fond de la grotte, un lit avec des goémons très épais, un doux lit de marine !… Il est venu !…

Peu à peu, les lames, plus longues, plus menaçantes, la chassent, et elle se tourne vers la mer, la main levée :

— Fi, la jalouse !… Tu veux me le reprendre ; tu ne l’auras pas !… Ce n’est pas bien, non !…

Son rire recommence, plus éclatant dans le rugissement moins fort de l’Océan :

— Ah ! ah ! ah ! ah !… à mourir de rire !… Ah ! ah ! ah ! ah !…

Elle interpelle de nouveau l’Océan :

— Il ne t’écoutera pas, va ! Tu as beau faire !… Je sais de belles chansons que tu ne sais pas, moi !…

Sa voix module, moitié caresse, moitié défi :

Ha glevaz-te, ha glevaz-te

. . . . . . . . . . . .

— Hein ?… Fais-en autant ?… ⠀