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là-bas, dans le vent et dans les vagues, contre la mort.

Ha glevaz-te, ha glevaz-te

. . . . . . . . . . . .

As-tu entendu, as-tu entendu

. . . . . . . . . . . .

Des inflexions souples, une modulation qui tâchait de se marier avec cette cloche résonnante et si impressionnante, cloche d’une bouée immergée à plus de sept milles au large de Pen-hat pour signaler la perfide chaussée de la Vandrée.

Au loin des hommes se débattaient contre l’enlaçante caresse de l’Atlantique, tentaient de fuir ses mortels baisers ; ici traînait, au ras des dernières baves de la géante altérée de vies humaines, la plaintive mélopée bretonne, suivant pas à pas le flot qui fuit, qui fuit toujours, contournant les rocs noirs et roux de l’énorme masse du Toulinguet, rebondissant sous l’écho des hautes grottes, où elles viennent remplacer le vacarme de tempête qui y grondait quelque temps auparavant.

Des heures passèrent sans que la jeune fille se lassât d’errer sur la grève humide, oubliant la faim, le froid, le temps, ne s’apercevant de rien, toute à son idée fixe qui lui faisait explorer les cachettes de la falaise, les creux d’eau, le fond des grottes.