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Tonton Corentin se leva, jeta un coup d'œil aux signaux qui manœuvraient et fit, très calme :

— C’est bon, on y va !

Au même instant arrivait le commissaire de la marine venant donner ordre de mettre le canot de sauvetage à la mer.

Durant quelques minutes, sur le quai, claquèrent éperdument les sabots des pêcheurs, rapidement prévenus, et un rauque mugissement tonna du côté du Coréjou, l’appel funèbre de la trompe appelant l’équipage du canot de sauvetage et la population.

Tout Camaret fut debout, les femmes, vaillantes malgré l’involontaire affolement qui les secouait à la pensée du danger prochain pour ceux qu’elles aimaient, les enfants criant et se bousculant dans l’émoi grandissant, tandis que les conversations roulaient, heurtées, fiévreuses :

— Navire en perdition !

— Où cela, ma Doué ?

— Jésus, Marie, nos pauvres hommes !

— Que sainte Anne les protège !

La plainte de mort traînait, emplissant le port de son impressionnant rauquement, de sa voix terrible sonnant le malheur, conviant les pêcheurs à la lutte effrayante avec l'Océan.

Pas une hésitation pas un frisson de peur dans ces cœurs courageux et simples. Hommes, femmes, enfants une fois les portes de la maison au toit