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couvrit tout le port, et il fut facile de constater que, sauf la Marie-Anne, toutes les barques étaient là, au complet, aucune n’ayant osé se risquer dehors par ce temps dangereux.

L’évidence s’imposait maintenant, Hervé était parti tout seul sur sa barque, sans doute au milieu de la nuit, peut-être avant que le brouillard ne fût devenu aussi opaque, car il était inadmissible qu’il se fût enfoncé volontairement dans cette obscurité pleine de périls.

— Il ne fait rien comme les autres, celui-là ! gronda Balanec, un pli soupçonneux aux lèvres.

— Possible qu’il ait eu quelque chagrin ! souffla à mi-voix Marhadour, en montrant Corentin et Mariannik sortant de leur maison.

Comme les mariés approchaient, Pierre Guivarcʼh leur apprit la nouvelle ; le patron du canot de sauvetage eut un tressaillement, et fit, atterré :

— Alors, cette nuit, vous croyez ?…

Il murmura, regardant sa femme :

— Ce serait lui, ce bruit que j’ai cru entendre, sur les quatre heures !… Un adieu !…

C’était comme une voix de cauchemar qui avait traversé son beau rêve d’amour, une sorte de plainte hululant à travers les ténèbres, rampant le long de la maison.

Mariannik dormait profondément, lorsque Corentin, éveillé en sursaut, avait pensé percevoir cet appel, quelques mots, la lamentation d’un être hu-