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Lagadec, peu convaincu, secoua les épaules :

— J’ai de fameux yeux, malgré la brume, et j’ai rien vu !

— C’est bien plutôt le brouillard des bolées et des gouttes qui t’aveugle ! Tu as rudement fêté la noce pour ton compte.

Le pêcheur se grattait la tête de ses ongles carrés, ne pouvant s’empêcher de rire et avouant ;

— Quelle noce, tout de même !

Ses petits yeux vrillaient autour de lui, fouillant le port, cherchant à percer le blanchâtre rideau, sous lequel disparaissaient la chapelle, le fortin et toutes les côtes. Des barques se profilaient vaguement çà et là. Il ajouta :

— Je vois bien la Corentine, l’autre était à côté !

Le quai s’anima. Des carrioles étaient tirées des remises, des chevaux conduits au bain à grands claquements de fouet, avant d’être remis dans les brancards. Pierre Guivarcʼh, l’air épanoui, se frottait les mains, arrivant à petits pas et s’arrêtant parfois pour jeter un coup d’œil à ce mur blanc dressé entre Camaret et la mer.

Balanec lui demanda :

— C’est-y du beau temps, capitaine ?

Le maître de port répondit, les épaules hautes :

— Au jour d’aujord’hui, il y a plus moyen de s’y connaître ! Autrefois, je vous aurais dit le temps vingt-quatre heures d’avance. Mais c’est plus ça, tout est dérangé, que je crois : les vents sautent