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Le bal était dans tout son entrain et les danseurs ne songeaient même plus aux mariés, quand Corentin et Mariannik quittèrent la salle pour rentrer chez eux.

La nuit était profonde, une nuit sans lune, toute semée d’étoiles qui perçaient les ténèbres au-dessus de leur tête, tandis qu’une brume blanche commençait à effacer les côtes, les falaises ; auprès d’eux, au-delà de la jetée, un grand souffle passait, apportant un grondement lourd, monotone, berceur, dont le rythme les engourdissait.

Il leur suffit de faire quelques pas pour gagner la demeure du pêcheur ; plusieurs minutes, ils restèrent, très émus, tendrement enlacés devant la maisonnette où allait s’abriter leur bonheur, leur vie entière.

Camaret reposait, ses volets clos, ses portes fermées. Seule, la musique du bal troublait le grand silence, et le tapage des pieds battant le plancher sous la cadence des danses formait un roulement sourd et continu.

Dans le port, la marée haute berçait les barques, qui semblaient des formes mystérieuses et mouvantes d’êtres animés ; près du phare, à la limite du brouillard, des feux de couleur indiquaient la position d’un bateau norvégien et de deux goélettes à l’ancre.

Des fusées de rires, un éclat de voix leur arrivaient encore, mais étouffés, perdus dans la ma-