Page:Gustave Toudouze - Péri en mer, 1905.pdf/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Composée de bruits formidables, de grondements lointains, de clameurs mystérieuses, une rumeur sourde s’élevait de cette terrifiante force, brusquement soulevée, l’Océan.

Peu à peu, sur le quai, à l’abri des maisons, des groupes se formaient, plus compacts, des conversations s’engageaient, tandis qu’au ras des vagues, autour des mâts, des vols de goélands, de mouettes, de gwilous se poursuivaient, poussant des cris aigus. Camaret tout entier s’éveillait.

Un nid d’oiseau de mer, tapi au creux d’un énorme écueil battu des vents et des flots, un nid savamment placé dans une anfractuosité garantie des vents d’ouest et de sud-ouest, les plus redoutables en cet endroit, c’est le petit port de Camaret.

Une surprise et un ravissement, ce pays à l’extrémité la plus inconnue de la Cornouailles, presque ignoré, tout près de Brest cependant, mais séparé de tout par la mer, par les roches, par les falaises, par les landes sauvages, par la difficulté des communications, un riant et original port de mer par le beau temps, un refuge tout voisin de la grosse houle, par les mauvais temps de sud et d’ouest, pour les bâtiments n’osant affronter les violences du large ou les dangers du Goulet.

C’est dans un profond renfoncement de la côte, au-delà de la rade de Brest, entre la presqu’île de Roscanvel qui ferme et enclot cette immense rade