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ou claires, friselées, hachées d’un petit travail fin et régulier, trame, énorme de cette tapisserie immense déroulant à l’infini les nuances du bleu et du vert confondus, unis. Puis, rien que du bleu, presque le bleu lapis-lazuli de la Méditerranée, sous ce baiser de feu qui diamanta l’Océan d’étincelles remuantes.

Dans le miroitement clair, Corentin reconnut sa barque : au grand mât flottait un pavillon tricolore, et, en examinant le port, il remarqua que presque toutes les barques étaient également pavoisées. Une émotion très douce lui entra au fond du cœur, à cette manifestation générale, à cette unanimité de fête qui accueillait ce jour, où son mariage avec Mariannik allait se célébrer.

Du mouvement commençait à se faire le long du quai. Des hommes, des femmes, des enfants sortaient des maisons, venant flâner au soleil, allant et venant, se groupant devant les portes, ou tout au ras du port, pour regarder sous l’eau des jeux de petits poissons, plies filant d’un coup de queue au-dessus des vases vertes, myriades de minuscules vieilles faisant comme un grouillement de moucherons dans la transparence de la mer crabes se déplaçant avec leur bizarre marche de côté.

Déjà on entendait bourdonner, sortant du milieu d’un tas de marmots, pieds nus et en cheveux ébouriffés, le premier couplet d’une chanson qui