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Lui-même avait fini par rire comme eux.

Après, ma foi ! la cérémonie s’était terminée vers cinq heures et demie ; on l’avait invité à un banquet : on avait bu, mangé, on l’avait promené, jusqu’au moment où on l’avait reconduit jusqu’à la gare et où il s’était retrouvé seul, sa croix dans sa poche, un joli ruban rouge noué à la boutonnière.

C’était donc arrivé, tout cela ? Il n’avait qu’à se retourner pour s’en assurer, pour apercevoir, sur une chaise, son vêtement noir, sa décoration flambante sur l’étoffe, avec un beau rayon de soleil, tout neuf, trouant la fenêtre et venant s’abattre en plein dessus.

En même temps, il avait comme une sensation étonnée à se voir rester là, à sa fenêtre, dans une paresse inhabituelle, et ses yeux allaient machinalement chercher, au milieu de la flottille des barques, la bouée d’attache, à laquelle s’amarrait, immobile, sa Corentine.

Le soleil commençait à dépasser le dos montueux de la presqu’île de Roscanvel, vers Quelern, la plage de Trez-Rouz, et montait, entièrement rouge, comme une boule de métal en fusion.

Ce fut subitement une transformation. La mer, qui paraissait depuis quelques moments une immense nappe de mercure, par endroits glacée de bleu et de rose tendre, se moira d’abord d’un bleu vert ; pas de vagues, rien que des lignes sombres