Page:Gustave Toudouze - Péri en mer, 1905.pdf/293

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

farce de quelque mauvais plaisant, comme il s’en trouva toujours sur les bateaux de l’État, de ces loustics qu’on appelle Parisiens, même s’ils ne sont pas de la Capitale, tant leur esprit est tourné, ainsi que celui des singes, vers toutes les drôleries et toutes les plaisanteries.

Tout s’était passé, pour lui, avec un air de rêve, de chose pas arrivée : la course de Camaret au Fret sur la carriole de Marhadour, le trajet de Brest à Paris, où il était débarqué au petit matin, l’adresse de la Société de sauvetage dans son portefeuille, avec des lettres du commissaire de la marine, des certificats, un tas de bricoles destinées à constater son identité.

Puis, la journée, quelle affaire ! Et cette cérémonie dans une belle salle toute dorée ! Les moindres détails s’en étaient fixés dans ses yeux, dans sa mémoire, avec les belles paroles qu’on avait dites sur les sauveteurs.

C’était vers les trois heures et demie que la fête avait commencé, après qu’un amiral, qui présidait, eut pris place sur le fauteuil du milieu entre le représentant du Président de la République et un autre personnage huppé.

Eux, les sauveteurs, on leur avait donné des places d’honneur, sur l’estrade, à droite et à gauche, et cela l’avait tout de suite rassuré de se retrouver avec des peaux tannées, des faces goudronnées, des patrons de canots de Roscoff, de