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une redingote pour assister à la cérémonie ; son entêtement devint alors terrible.

Chacun insista tour à tour auprès de lui, afin de vaincre cette obstination toute bretonne, et Pierre Guivarcʼh remarqua :

— Si tu n’avais pas les épaules plus larges que moi, je te prêterais bien la mienne ; j’en ai une presque neuve, toute flambante, en fin drap noir !

Marhadour expliquait :

— Tu sais, ma voiture t’attend ; tu n’as qu’un mot à dire, en route pour le Fret ! Arrivé au Fret, tu prends passage sur l’Eurêka ou sur le Travailleur, trois quarts d’heure, une petite heure au plus pour traverser la rade et accoster au port du Commerce, à Brest. Voyons, c’est pas la diable !… Une fois là, tu vas prendre ton billet à la gare et te voilà en chemin de fer comme un prince, jusqu’à Paris ? Ça s’avale comme une goutte !… Ah ! je ne dis pas, s’il fallait aller jusqu’à Toulon, parce qu’alors il y a une trotte, même que je l’ai faite trois fois, du temps que j’étais au service !…

Le pêcheur, égayé par A verve du boucher, mollissait visiblement ; ce fut Pierre Guivarcʼh qui acheva de le décider :

— Écoute un peu, cette redingote, il te la faudra toujours ; elle te servira pour la noce, hein ?… Alors, quoi, dépêche, nous faisons le mariage à ton retour !… Ça va-t-il ?…

— Entendu ! conclut Corentin, faiblissant tout à