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Ni hou salud guet Karanté
Rouannès er saent hag en élé

. . . . . . . . . . . .

Surpris, les rameurs avaient failli en laisser échapper leurs avirons, reconnaissant l’Angélus breton, dont François Coppée nous a donné l’exquise adaptation :

La cloche sonne l’Angélus,
La Terre a donc un jour de plus !
Sainte Vierge Marie, O Pia !
À jamais sois bénie, Ave Maria !


On sent la bonne odeur du foin,
L’étoile brille au ciel de Juin.
Sainte Vierge Marie, O Pia !
À jamais sois bénie, Ave Maria !

Au milieu de cet affolement des éléments, c’était saisissant et délicieux, ce chant de paix et de foi douce, dont les syllabes celtiques s’élevaient, étranges, en une incantation mystique, montant de cette pauvre barque qui bondissait dans le mugissement et la furie des lames.

Ils avaient eu, un moment, l’impression de quelque chose de surnaturel se produisant miraculeusement, pour les encourager, les protéger, comme si un ange fût venu, parmi eux, prendre la forme passagère de cette innocente.

Tonton Corentin lui-même, songeant aux légendes, n’avait pu s’empêcher de tressaillir, se deman-