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couverte d’oiseaux tournoyant dans l’air, rasant la mer et poussant des cris joyeux.

Le goéland est, en effet, particulièrement friand d’un petit poisson nommé sprat, qui indique toujours un passage de maquereaux, car il est également poursuivi par ceux-ci, dont il est le régal préféré. Généralement la pêche se fait avec une ligne à la traîne, à l’hameçon de laquelle se trouve une amorce taillée en forme de sprat, et il faut du vent pour que l’appât scintille sous l’eau, en imitant les mouvements du poisson qu’il représente.

À chaque instant les lignes remontaient chargées, et, peu à peu, la cale s’emplissait, toute miroitante d’argent, d’azur et d’émeraude, par l’entassement des maquereaux, dont les merveilleuses écailles brillaient au soleil comme un ruissellement de pierres précieuses.

Tonton Corentin, aussi calme, aussi peu ému, que si la veille il n’avait pas failli disparaître vingt fois au fond de cet Océan, si berceur aujourd’hui, riait, causait, ne paraissait pas même se souvenir de son héroïsme, pas plus que ses compagnons ne songeaient à l’en féliciter ni même à lui en parler. C’était là un fait si simple, si naturel chez eux, et faisant tellement partie de leur existence, qu’on les eût bien étonnés en leur adressant une pareille remarque.

Parfois, sur le moment, il y a un peu d’enthousiasme nerveux, des cris de joie, des bravos, une