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Ce n’était encore que la partie la moins difficile du sauvetage ; il fallait, en effet, trouver un moyen de se mettre en communication avec l’écueil, sans se briser sur lui, sans se laisser écraser contre les murailles de granit que les flots balayaient sans un instant de répit.

Après s’être rapproché d’abord autant qu’il l’avait pu, le canot avait dû céder à la violence de la tempête, s’éloigner, courir quelques bordées ; puis, les voiles carguées, essayer de revenir. On voyait les hommes, exténués, s’abattre sur leur banc, paraissant ne pouvoir plus diriger l’embarcation, et par instants, Corentin, debout à l’arrière, leur parlait pour les encourager, les excitait à une nouvelle tentative.

Enfin, ils arrivèrent à se maintenir à la hauteur de la roche, derrière laquelle ils disparaissaient pour reparaître de temps à autre sans qu’il fût possible de savoir s’ils n’allaient pas disparaître pour toujours.

On vit un homme, attaché à un câble, se jeter à la mer, nager longtemps, puis s’engloutir au milieu d’une lame, qui vint s’écrouler le long des flancs polis du Tas de Pois.

Était-il mort, disparu ? Qui était-ce ? Une anxiété épouvantable serra les gorges.

Mariannik devina, dans une plainte désespérée :

— C’est Corentin !…

D’autres vagues suivirent, une pluie d’écume