Page:Gustave Toudouze - Péri en mer, 1905.pdf/268

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

apercevait assez distinctement, quand l’épaisse fumée des coups de mer le permettait, un individu accroché dans les anfractuosités supérieures du rocher ; mais il lui était impossible de savoir si plusieurs naufragés s’y trouvaient. À tout moment quelque monstrueuse lame, vomie du large par l’Atlantique, venait se jeter toute mugissante sur le Tas de Pois, qui disparaissait presque sous l’assaut et se couvrait jusqu’à la cime d’une ruisselante neige, pleuvant ensuite en cascades de tous côtés.

Pierre Guivarcʼh, Mariannik, Balanec, Marhadour, d’autres encore, une partie de la population de Camaret, disséminés le long des côtes jusqu’au sémaphore de Pen-Tir, suivaient les péripéties de ce drame.

Balanec tendit le bras vers le Toulinguet :

— Voilà Tonton Corentin !

Toutes les respirations furent suspendues.

Le canot de sauvetage avait heureusement franchi les obstacles de la nuit et arrivait à la passe la plus dangereuse, ayant à lutter contre le courant et à refouler cette mer démontée. Ce fut, pendant un espace de temps qui sembla considérable, une angoisse affreuse ; heureusement, la marée descendante commençait à favoriser un peu la suprême tentative des héroïques sauveteurs : la redoutable barrière fut enfin surmontée. Cette fois, aidés des voiles ils marchaient droit aux Tas de Pois.