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Les bras brisés, ployés en deux sur leurs avirons, ne sachant comment se diriger dans cette nuit profonde, où l’on distinguait mal les phares voilés par les embruns, par un brouillard humide, ils durent venir se remettre à l’abri dans le port, et toute la nuit se passa à attendre une accalmie pour se lancer de nouveau au-devant du danger. Au matin, la tempête continuait avec la même violence.

Un nouvel avis, envoyé du sémaphore des Pois, prévint qu’on apercevait une forme humaine sur le dernier Tas de Pois ; en même temps, de Morgat, on avait reçu communication que c’était bien la barque de Larvor qui avait dû périr et que Yvonne Guivarcʼh était à bord.

Ce fut un coup terrible pour Mariannik et pour son père ; quant à Hervé, il dormait de son sommeil de brute, ignorant encore la catastrophe et incapable de la comprendre.

Avec le petit jour, une lueur pâle, blafarde, permettant de distinguer les objets, mais faisant plus terrible encore l’horreur de l’Océan en folie, Tonton Corentin déclara que, cette fois, on doublerait le Grand-Gouin, coûte que coûte ; les pêcheurs remontés par lui reprirent courage.

Du reste, Yvonne était adorée dans le pays et tous souhaitaient sincèrement qu’elle se trouvât parmi ceux qui avaient pu se réfugier sur l’écueil.

Dagorn, de son observatoire, l’œil au télescope,