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— À boire !… À boire !…

Devant lui la patronne de l’hôtel se dressa, écartant par son seul aspect, ses cheveux gris lissés sous la coiffe blanche, ses yeux bien francs, son air décidé, ceux qui entouraient Hervé ; elle lui posa sur l’épaule sa main, moitié maternelle, moitié autoritaire :

— Non, non, mon fi ! Tu as assez bu comme cela ! Sois raisonnable, va te coucher.

Il secouait la tête, faisant :

— À boire !… À boire !…

Un de ses compagnons, un Douarnenézien, ivre perdu à ne plus pouvoir avaler, pleurnicha, attendri :

— Il n’y a pas de pain chez moi pour mes petits !…

Puis hoqueta, surmontant cette faiblesse :

— Du vin !… Encore une bouteille !

Tante Rosalie, impassible, sans même se préoccuper de cette brute, insistait, penchée sur le Revenant :

— Tu n’as pas honte, Hervé !… Ah ! si ton pauvre père te voyait !… Songe un peu : ton père ! Hervé Guivarcʼh ! Ton père ! qui dort là-haut, au cimetière !… Écoute ta doyenne, voyons !…

Le misérable mâchonna :

— J’ai soif !…

Une inspiration vint à la brave femme, dont le visage, aux mille plis fatigués, exprimait plus de douleur que de colère ; elle trouva ce cri :