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n’avait voulu s’avouer la vérité, reconnaître que le jeune homme avait rapporté, de sa longue existence passée à l’étranger, plus de défauts que de qualités, plus de vices que de vertus.

Cela lui crevait le cœur, d’autant plus qu’en sortant sur le port, après son souper, il avait eu la malchance d’apercevoir Hervé, déjà tout allumé d’ivresse, bras dessus bras dessous avec une bande des plus mauvais gars de Douarnenez, des gaillards dont il avait dû faire la connaissance dans ses bordées, et qu’il venait de retrouver dans quelque débit.

Une autre inquiétude l’avait attiré dehors, c’est qu’Yvonne, partie le matin pour aller voir une de ses amies à Morgat, près de Crozon, n’était pas encore rentrée, et que des pêcheurs de Morgat, réfugiés en ce moment à Camaret, assuraient l’avoir vue sur la barque d’un de leurs camarades nommé Larvor.

Sur le quai, Guivarcʼh avait vainement questionné le douanier ; celui-ci donnait tous les noms des pêcheurs ; aucun d’eux ne ramenait Yvonne.

— Elle a dû simplement visiter les grottes avec Larvor et son mousse, puis revenir à Morgat, car la barque de celui-ci est un méchant morceau de bois à ne pas tenir la mer par ce failli temps ! assura Marhadour.

— Hum ! j’aurais préféré tout de même un autre que ce Larvor ! marmotta Pierre Guivarcʼh.