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Louve, le patron donna un dernier coup d’œil au loin :

— Ma Doué ! si ça continue de souffler aussi fort et aussi régulièrement du même point, il ne fera pas bon en mer ce soir : gare aux traînards !

De toutes parts on voyait les barques se rassembler, toutes le cap au nord, aussi bien celles qui se trouvaient encore attardées dans le voisinage du Raz de Sein, que celles qui pêchaient aux Tas-de-Pois, aux Pierres-Noires, à l’anse de Bertheaume. C’était une fuite générale devant le coup de vent qui se préparait, grossissant peu à peu, commençant à remuer les vagues, à les faire neiger le long des côtes, autour des écueils.

Étant donné la croissante vitesse de la bourrasque, il était impossible, même pour celles de Douarnenez, de chercher à rentrer à leur port d’attache et de lutter contre un souffle pareil ; mieux valait, au contraire, s’en servir pour se réfugier en toute hâte à Camaret.

Ce fut une course folle sur la mer blanchissante. Corentin s’estima heureux de se trouver rentré parmi les premiers, pour se débarrasser à bon compte de son chargement, car, en présence de la masse de barques survenant les unes derrière les autres, chargées de poisson, les prix baissèrent considérablement, les usines regorgeant.

À la tombée du jour, il en arrivait encore ; mais déjà, sous la violence continue du vent, la mer