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à couler, absorbé dans la joie du beau gain qu’allait lui rapporter sa pêche, Tonton Corentin, dans les parages de la Parquete, un écueil au large de Pen-hat, faisait dresser les mâts, un souffle léger passa sur lui, une caresse de la brise qui se levait.

Il eut un sursaut, pointa ses prunelles expertes sur la ligne d’horizon, et montra à son équipage une sorte de barrière opaque, encore brumeuse, s’élevant derrière l’Ar-Men, très loin dans le bas, ouest-sud-ouest.

— Diable ! fit-il seulement.

Les hommes regardèrent à leur tour ; mais Garrec assura :

— Nous avons le temps ; même que cela va nous aider à rentrer plus vite que nous ne le pensions. Pas besoin de revenir à la nage, comme on le craignait au départ !

Il riait, satisfait, aidant à ranger les lourds avirons que cette mer d’huile avait fait préparer pour le retour.

Il leur fallut très peu de temps pour gagner la pointe du Toulinguet, en passant au-delà de la roche Le Trépied, sans venir s’engager dans le passage du Corbeau ; ils laissaient ainsi sur leur droite tous ces dangereux cailloux, où moutonnait déjà une frisante collerette d’écume.

Avant de tourner la pointe, à peu près à la hauteur de l’énorme îlot Le Toulinguet, non loin de la