Page:Gustave Toudouze - Péri en mer, 1905.pdf/247

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

eu des craintes, qui lui semblaient, à cette heure, dénuées de toute raison.

Il s’engourdissait dans une sorte de complet bien-être, jouissant de se sentir là, en compagnie de ce brave homme, qui jamais ne lui avait paru aussi bon, et que sa pensée revêtait tout à coup de mille qualités dont il ne se doutait pas auparavant.

Toc-toc, toc-toc, toc-toc, toc-toc…

Derrière, eux, la grande horloge battait monotone et régulière.

Tonton Corentin écoutait ce bruit familial, qui semblait mesurer des heures calmes, des heures de paix reposante, des heures de bonheur domestique. C’était là que Mariannik avait vécu sa vie de jeune fille, là qu’elle allait et venait chaque jour.

Une chanson arriva d’une pièce voisine ; il souriait déjà, la tête inclinée légèrement sur l’épaule ; Guivarcʼh comprit sa méprise et fit, bonhomme :

— Yvonne !

Ah ! oui, la folle, il n’y pensait plus ; mais ce nom ramena dans sa pensée le souvenir du frère, de ce Revenant, qui lui avait donné tant de souci. Pourquoi s’en inquiéter, maintenant que tout était terminé, conclu ? Ce n’était sûrement pas Pierre Guivarcʼh qui reviendrait sur la parole donnée, sur l’engagement pris.

Son cœur se rasséréna et se concentra tout entier, comme les rayons d’un pur et ardent foyer, sur Mariannik.