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teau à manche de corne, redressa la tête, et tendant sa large main :

— Pas malheureux que tu te décides, Corentin !

— J’ai cru que ce serait moi qui devrais aller à toi. Si la Mariannik veut de toi, et je le pense, c’est chose dite, tu le sais bien. Allons, tope-là, mon gendre.

Déjà la rude poigne du pêcheur lui enfermait les doigts à les broyer et le rire secouait toute sa face flambante de plaisir :

— Ce matin, nous nous sommes promis d’être mari et femme.

— Je t’espérais plus tôt, j’avoue, et tout l’hiver a passé !

Tonton Corentin eut une moue indécise, comme s’il eût renfoncé au fond de sa gorge des aveux qui voulaient sortir, l’explication de ces nuages troubles qui avaient enténébré son cœur, jeté son âme durant quelque temps en une si épaisse obscurité ; mais il se ravisa, disant seulement :

— J’avisais à compléter mon magot, avant de me mettre en ménage, parce que, voyez-vous, il ne faut pas que la Mariannik se trouve plus mal chez son mari que chez son père !

Cela fut souligné d’un expressif regard à tout ce qui l’entourait et lui semblait plus cossu que l’intérieur modeste d’un simple pêcheur comme lui ; il poursuivit :

— Voilà justement que la sardine arrive ; à