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affaire !… Et des choses, des choses, à ne pas croire !…

Tiens ! pour t’en donner une idée, à Ka-sing, j’arrive troisième à l’assaut, une chance !… Le deuxième, un fourrier de la marine, avait été tué ; j’étais alors second maître. Bon ! voilà-t-il pas qu’en arrivant, en sautant, je me foule le pied !… Oh ! diable ! Ça n’allait pas, d’autant plus qu’un cavalier débouche tout à coup de derrière un mur, sans doute celui qui avait tué déjà le fourrier. Bah ! tant pis, je l’attends de mon mieux, et, à dix mètres, je l’abats. Je prends son cheval, à cause de mon maudit pied ; mais, une histoire !… ce sauvage de petit Tartare, à crinière longue, mauvais comme une gale, m’emporte à travers la ville sans que je puisse l’arrêter. Mon compte est clair, que je pense !… Il enfile des rues, des rues, et je tombe au milieu d’un tas de Chinois. Je me dis : « Je suis flambé ! » Pas du tout, voilà tous mes magots qui se précipitent à terre, se prosternant sans oser me regarder : ils me prenaient pour quelqu’un de leurs démons !… Tout de même, j’ai été enfin bien heureux de rencontrer des marins de La Triomphante, et, après m’être souqué le pied solidement, j’ai pu revenir à bord !…

Il semblait si heureux de remuer ses souvenirs d’ancien Mathurin que Garrec n’osait l’interrompre et abondait dans le même sens ; il s’écria :

— Vous en avez vu, ma Doué !…