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Arraché brusquement à ses pensées, Hervé Guivarcʼh tourna la tête, juste assez à temps pour apercevoir les larges épaules de Garrec se balançant sous le radieux soleil de mai ; il allait d’un pas cadencé, solide, herculéen, l’air heureux, envoyant de-ci et de-là un bonjour aux femmes qui tricotaient sur le seuil des portes, aux voiliers cousant à grand renfort de fil poissé.

— Est-ce qu’il est de noce ? questionna la veuve.

— Oui, de la sienne, peut-être !

Marhadour se frottait les mains, rusé, flairant le vent de son nez en pointe.

Tous regardaient, attentifs aux moindres mouvements de leur camarade, et soudain, ils le virent s’arrêter devant le bureau du port, hésiter une seconde, puis monter les marches et disparaître.

— C’est pas seulement pour les beaux yeux du capitaine, qu’il a mis sa veste neuve, hein ? demanda Lagadec.

Hervé Guivarcʼh, un peu à l’écart, les poings crispés, fronçait les sourcils.

Marhadour le désigna du geste, silencieusement :

— Hum ! hum ! faudrait pas demander la chose au cousin, je crois qu’on serait mal reçu !…