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C’était dans une petite ville, d’un nom en drelin din din, que je ne me rappelle pas pour l’heure !… Il y en avait tant !… L’assaut avait été donné d’un côté par les Anglais, de l’autre par nous ; la chose faite, et proprement, je t’assure, Tonton ! marche en exploration, histoire de flâner !… J’avais assez de goût pour cela dans le temps… J’enfile une rue déserte, j’arrive a une grande place et j’aperçois un gradin de Cipaye en train de dépouiller un Chinois et ses deux filles, très jolies, les petites, la tête chargée de bijoux, d’épingles !… Le bandit arrachait la chair des mains du Chinois, tant il mettait de rage à lui enlever ses bracelets d’argent… Dame ! que je me dis, c’est drôle cela, ça ne me paraît pas réglementaire !… Je couche mon Cipaye en joue, en le menaçant de le tuer. Voilà-t-il pas qu’arrive un officier anglais qui prend parti pour lui !… De quoi qu’il se mêle celui-là ?… Qu’est-ce que tu aurais fait, hein ?… moi, ni une ni deux, je le menace aussi, et voilà mes Chinois délivrés… Oui, mais après, toute une histoire ! L’officier porte plainte ; il y avait rivalité entre Français et Anglais à tout moment, on ne voulait pas envenimer les choses : vlan, on me donne tort !… Pour lors mon commandant, pour me punir, me flanque à la garde du camp, qu’était une corvée !… Ah ! ah ! ah !…

— Oui, oui, approuva le Revenant. Je pensais bien, ça ne pèse pas gros sur le cœur !