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avait vécu remontait en lui comme la vase du fond d’une source profondément troublée. Sa sauvagerie augmentait, se traduisant souvent par des paroles à demi révélatrices, des allusions vagues, qui faisaient ouvrir de grands yeux à Mariannik, qui attiraient jusqu’à l’attention de la pauvre Yvonne.

Maître Pierre Guivarcʼh hachait la tête, lui qui avait vu du pays et des choses de toutes les couleurs :

— Hum ! hum ! mon pauvre gars, tu as de mauvais souvenirs, que je crois !… Qu’est-ce que tu as pu faire là-bas, hein ?…

Hervé souriait, l’œil mauvais, battait la table de son couteau, marmottait :

— Ta, ta, ta, j’ai fait comme les autres, pas plus !

— Pas moins non plus, dis ? interrogeait l’oncle.

Les paupières du jeune homme s’abaissaient sur ses prunelles trop vives, et il ricanait :

— Gronde pas, Tonton Piar ! Je sais bien que tu es sans reproches, toi ! — caressant le vieux marin de ce nom breton, où semblait passer un souffle de son enfance.

— Oh ! diable ! On a eu aussi quelques peccadilles !… Tiens, un jour, en Chine, j’ai attrapé une punition pour des affaires… C’est vrai de dire aussi que ce n’était guère de ma faute…

— Tu vois !

Mais Guivarcʼh, emballé à la suite de ses souvenirs, allait, allait :