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vertige, dont les ardentes prunelles d’Hervé savaient l’envelopper, la saisir, l’entraînant malgré elle, en un douloureux et séduisant gouffre de perdition.

Si elle souffrit, si elle lutta, si son cœur se débattit furieusement entre les serres de cet oiseau de proie, qui s’abattait ainsi tout à coup des mers lointaines pour venir la prendre, du moins, taillée dans le pur granit de sa race, Mariannik eut-elle le courage de n’en rien laisser voir aux siens, de ne pas le révéler même à celui qui on était la cause, et Hervé ne parvint jamais à lui arracher, ni un aveu, ni le plus faible assentiment.

Bien plus, en janvier, Corentin Garrec ayant dû sortir encore avec le canot de sauvetage, lorsqu’un bâtiment norvégien fit côte au Veryhacʼh, Hervé Guivarcʼh comprit bien, à l’émotion, aux craintes de Mariannik, que jamais il ne l’emporterait sur cet humble héros, d’une vie si exemplaire, d’un dévouement si grand et si simple. Toute comparaison entre les deux hommes devait forcément tourner à son désavantage.

De là, des découragements qui le poussaient à de véritables actes de folie ; puis des lueurs d’espoir renaissant, quand il voyait que rien ne changeait, que l’on ne parlait toujours pas de mariage, et que son ancien camarade semblait même éviter la maison du maître de port, depuis que lui, Hervé, ne la quittait presque plus.

Dans ses crises, toute la boue des pays où il