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lourde masse autour de ses hanches rondes.

Une envie d’adoration le prenait, à la vue inattendue de celle qu’il aimait, et un ardent besoin de lui parler, de la questionner. Il allait l’appeler, la supplier, murmurant en lui-même ;

— Mariannik !

Il n’eut pas besoin de prononcer de nom ; souriante, dans le nimbe d’or du soleil levant, elle venait à lui.

La matinée était pimpante et gaie, claire avec quelque chose de léger, de subtil et de fin qui ravissait délicieusement l’âme.

De la tendresse naissait de tout ce qui les entourait, de cette atmosphère bleutée, vibrant sous la première force des rayons déjà chauds, de l’étendue des champs, de la germination discrète de la lande, où rosissaient les jeunes bruyères au milieu des pousses vertes, où des milliers de boutons se pressaient, s’entassaient dans une ardeur de vie toute neuve, dans une soif d’air, dans le bain de cristal des gouttes de rosée.

Garrec était resté planté à la même place, pétrifié de plaisir, sous l’attendrissement inaccoutumé d’une joie qui le bouleversait ; il n’osait bouger de peur de voir le charme disparaître, la vision s’envoler. Sa figure énergique, toute rougissante, passait du cuivre clair au cuivre foncé, par l’afflux bouillonnant du sang, tandis que sa bouche aux